Benjamin Eppe et le piano voyageur en résidence
Du lundi au vendredi, de l’ouverture de la crèche jusqu’à l’heure du déjeuner.
Benjamin arrive à l’ouverture et, pendant 1h/1h30, travaille au piano une oeuvre en cours.
L’accueil d’un musicien en résidence est aussi un moment qui doit permettre à celui-ci d’avoir du temps pour travailler pour lui.
Ce premier moment de la journée permet aux parents et aux enfants qui arrivent à la crèche de s’approprier tranquillement l’instrument, le pianiste, la musique, sans aucune sollicitation. Il est néanmoins tout à fait possible pour les parents qui le souhaitent de s’arrêter près du piano avec leur enfant et d’échanger quelques mots avec Benjamin.
De 8h30 à environ 12h, Benjamin invite les enfants qui le souhaitent, par petits groupes, à leur rythme, à s’approcher du piano et à vivre l’expérience de la musique :
- en écoutant des morceaux
- en s’installant sous/sur le piano pour en ressentir les vibrations
- en jouant avec lui : à quatre mains, mise en mouvement sur des rythmes différents…
- en accompagnant musicalement albums, comptines et chansons
- autour d’un atelier (peinture, yoga, massage…).
Plusieurs ateliers peuvent s’imaginer, en fonction des envies.
Aux équipes de professionnelles petite enfance (et bibliothécaires), Benjamin souhaite faire vivre l’expérience de la vibration pour elles-mêmes, en début de résidence.
Il s’agit d’un petit temps où les adultes (sans les enfants) se mettent en position de recevoir la musique et de la ressentir corporellement. L’idée est que les adultes qui auront vécu cette expérience soient plus à même de la partager ensuite avec les enfants qu’ils accompagnent.
Pendant la semaine, Benjamin Eppe se donnera aussi du temps pour discuter avec les équipes de la manière dont se déroule la résidence pour s’assurer que le projet évolue en accord avec tous.
Il offre aux bibliothèques et crèches concernées le CD D’ici et là avec ses propres compositions. C’est une jolie manière de sensibiliser petits et grands au piano avant son arrivée et/ou de prolonger l’expérience de la résidence.
Il est sept heures du matin, je joue la deuxième partita de Bach. Voilà les premiers enfants qui arrivent dans les bras de leurs parents. Surprise, interrogations, émotions déjà ? Quelques parents pressés me font un petit signe de la main, d’autres prennent le temps de la rencontre. Les enfants approchent timidement, quelques grandes sœurs et grands frères les accompagnent. Je décide de changer de musique ; une berceuse improvisée accompagnera un bébé d’environ six mois et sa maman… pour cinq minutes de complicité en plus. Une puéricultrice, ravie de cette nouvelle transition me propose une tasse de café… «Qu’est-ce que tu fais là à faire de la musique si tôt ?», je survole avec elle mon parcours…
C’est à l’âge de douze ans que s’est faite ma rencontre avec le piano. Dès les premiers mois ce fut une relation privilégiée et passionnée. Cet instrument a pris de plus en plus de place dans ma vie jusqu’à l’âge de dix-huit ans ; je venais d’obtenir un premier prix du Conservatoire royal de musique de Bruxelles. Malgré tout le bonheur que cela me procurais, quelque chose me manquait. A quoi et surtout à qui étais-je utile, n’était-ce pas absurde de passer toutes ces heures seul ? Aussi, lentement j’ai commencé à me tourner vers les autres, d’abord en pratiquant de la musique de chambre : partager ces émotions avec d’autres musiciens et avec le public et m’ouvrir à d’autres rencontres vers le jazz et la chanson ; ensuite l’enseignement a pris une place importante notamment à l’école internationale Montessori où en une dizaine d’années j’ai pu développer ma propre pédagogie et faire mûrir le projet du Piano Voyageur au travers de mes expériences.
Par ailleurs la naissance de mes enfants en 2000 et 2004 m’ont naturellement amené à vivre la communication avec les tout petits, mais aussi à m’intéresser au développement de l’enfant de manière plus générale. L’ haptonomie m’a permis de découvrir qu’avant sa naissance l’enfant est un être de relation et de communication. A ce moment, comme dans les premiers mois qui suivent la naissance c’est évidemment de communication non verbale dont il s’agit… le toucher, les odeurs et les sons.
Ma démarche s’inscrit dans cette logique : émettre des sons pour exprimer ce que les mots ne peuvent pas ,ou pas encore, dire.